Blog, un peu sauvage
- le métier d'accompagnatrice de moyenne montagne,
- sur mes états d'âmes et intérêts du moment,
- sur des prises de consciences quant aux êtres vivants autres qu'humain qui nous entoure,
- sur les expériences sensorielles partagées dans mes activités.

L'hiver passé, nous nous sommes creusés un abris dans la neige, le temps d'une nui.
Cela faisait un moment que nous souhaitions tenter l'expérience de passer une nuit en igloo. Après s'être renseigné sur les techniques de construction d'abris hivernaux, nous nous sommes enfin décidé.
Accompagné d'un couple d'ami, nous sommes partis nous du côté du Walensee. Après avoir pris les remontées mécaniques pour la première partie de la montée, nous avons chaussés les raquettes et nous sommes dirigés en direction du sommet du Hinterrugg.

Le vent soufflait fort. Les prédictions météo annonçaient des rafales jusqu'à 80 km. Heureusement, on était bien accroché, motivés à vivre cette nuit dans notre petit terrier de neige.
ça y est, l'heure était arrivée de trouver l'endroit propice pour accueillir quatre adultes durant une nuit. La neige étant trop friable, nous avons opté pour la solution de creuser. Alors on a creusé. avec des pelles, avec nos mains. On aurait dit des lièvres qui creusaient un terrier.
Bon, tout cela c'est bien joli mais pour être honnête, après 1 min 30 à pelleter comme une furie: 1. j'étais mouillée jusqu'au slip et 2. j'étais bien fatiguée. Entre deux coups de pelle, nous relevons la tête. Le coucher de soleil est bientôt là. Une pause s'impose. Nous profitons alors d'immortaliser l'instant quelques minutes et de savourer les derniers rayons du soleil. Ils étaient doux. Ils nous firent oublier la rudesse du vent qui frappait notre visage. Un instant suspendu dans le temps, comme je les aime.

Bon, il fallait se remettre au travail car ici dès que le soleil disparait, les températures chutent. Heureusement, nous étions 4 pour nous relayer. Au moins pelleter "ça réchauffe" me direz-vous. C'est vrai, dans un premier temps, mais attention à ne pas trop transpirer non plus. Notre ami, qui eu tant de plaisir à se donner au pelletage, eu si chaud que toutes ces sous-couches de vêtements étaient trempées. Ses habits étant synthétiques, une fois la sueur devenue froide, il fut transis de froid. Méfiez-vous ! Heureusement, nous étions plusieurs pour l'aider à se réchauffer. Lorsque l'on dort dehors, c'est un aspect à ne pas sous-estimer.
Après plusieurs minutes de creusage intense, ça y est, nous pouvions bientôt tous les 4 entrer et nous tenir assis à l'intérieur du terrier. Quel soulagement.
Après m'être glissé à l'intérieure, je remarque à quel point la neige nous isole de la froideur du vent et du bruit qu'il créé. On entend alors seulement le bruit sourds des plus grosses bourrasques. Une sensation de réconfort d'avoir trouvé un abri pour la nuit m’envahit.
Je m'imagine alors que ce que ressente les animaux du froid, tels que le lièvre variable et le lagopède des neiges. Que ressentent-ils lorsqu'ils sont blottis dans leurs igloos.
Dehors, la température chute à -10°C. Pour ceux qui croient en la température ressentie, je n'ose pas imaginer ce que cela donne avec le vent. Dans notre petite grotte de neige, nous arrivons à maintenir la température à -1-2°C. Nous nous mettons gentiment à l'aise, installons nos affaires sur le sol: matelas de sol pour s'isoler du froid et un bon gros sac de couchage (confort -8°C pour moi). Puis vient l'heure du repas, nous préparons un bon thé et un repas chauds bien mérité. Une chose est sûr, nous serons en lit de bonne heure aujourd'hui.

Le lendemain matin,
Au réveil, il doit être 6h de matin dans notre cocon de neige. Durant la nuit, mon esprit à vagabondé. Il est resté au aguets. Une personne du groupe sort le réchau à gaz, se place devant la sortie pour l'allumer et nous préparer un bon thé chaud.
Comme à chaque bivouac dans la neige, je redoute de remettre mes chaussures. Quand faut y aller, faut y aller....
Petit à petit, on sort chacun de notre trou, le lever de soleil est bientôt là. Avec toutes nos couches d'habits, les capuches et les rafales qui soufflent dans les oreilles, on ne s'entend presque plus les uns des autres. J'ai l'impression que certaines bourrasques pourraient presque nous faire nous envoler. Quelle joie ce doit être de pouvoir voler.

Il est alors temps de ranger les affaires dans les sacs, car rester ici sans bouger, c'est une histoire à perdre des extrémités. On s'active alors tous pour paqueter nos sacs à dos.
Une fois tous prêts, on regarde une dernière fois cette vue, puis on salue notre terrier de neige. Je le remercie secrètement dans ma tête de nous avoir abrité le temps d'une nuit.
Nous entamons la descente. Pour profiter un peu de la descente, un membre de l'équipe a pris sa luge assise (le genre d'objet que tu ne vois pas souvent dévaler les pistes). Un gros fou-rire de le voir dévaler les pistes avec cet engin qui semblent indomptable. On termine la matinée sur un bon chocolat chaud pour les uns et un bon café pour les autres. Quel luxe d'être au chaud mais qu'est-ce qu'il faisait bon là-haut.
A bientôt,
Lisa