Blog, un peu sauvage
- le métier d'accompagnatrice de moyenne montagne,
- sur mes états d'âmes et intérêts du moment,
- sur des prises de consciences quant aux êtres vivants autres qu'humain qui nous entoure,
- sur les expériences sensorielles partagées dans mes activités.
Une nuit dehors pour se reconnecter à l’essentiel
Dormir dehors : un geste simple, un monde qui s’ouvre
Il y a quelque chose de profondément humain dans le fait de dormir dehors.De se retrouver, à la tombée du jour, face au ciel immense et au froid qui s’installe doucement.Le bivouac n’a rien d’extraordinaire en soi : une tente, un sac de couchage, un peu d’eau chaude.Mais il change tout.
Ce soir-là, dans un vallon des Alpes, je me suis allongé sur une pierre plate, la tête posée sur mon sac.Devant moi, les étoiles s’allumaient une à une, tandis que la montagne s’effaçait dans l’ombre.Et j’ai senti ce que je cherche souvent sans le savoir : l’immobilité du monde vivant.
Le feu, la nuit, le silence : les trois maîtres du bivouac
La nuit dehors réapprend à écouter.Le feu crépite, les insectes bruissent, une chouette appelle.Chaque son devient présence.Sans écran, sans électricité, on redécouvre la lenteur des gestes :faire bouillir l’eau, se glisser dans le sac de couchage, attendre que le froid se calme.
Et dans ce silence, quelque chose s’apaise.On réalise que l’on n’a besoin de presque rien —et que ce « presque rien » suffit amplement pour être bien.
Conseil responsable : choisissez un lieu autorisé au bivouac, éloigné des zones de nidification et respectez la règle du “Leave No Trace” : aucun déchet, aucun feu permanent, pas de trace visible de votre passage.
La nature comme abri, pas comme décor
Dormir dehors, c’est accepter d’être vulnérable.Le vent, l’humidité, le bruit de la pluie sur la toile — autant d’éléments qui rappellent que nous ne sommes pas au-dessus du monde naturel, mais à l’intérieur.
Cette proximité change notre regard :on cesse de vouloir “profiter” de la montagne pour simplement habiter avec elle, le temps d’une nuit.Ce n’est plus une activité, mais une cohabitation.
Le bivouac apprend aussi le respect du vivant :le sol sur lequel on dort, l’eau qu’on puise, le bois qu’on ne prélève pas.Il invite à la gratitude et à la mesure.
Le bivouac comme apprentissage du “moins”
Le confort moderne nous a habitués à l’abondance.Mais passer une nuit dehors rappelle la puissance du minimalisme :un repas simple devient festin, un rayon de soleil devient cadeau.
Ce dépouillement volontaire libère. On se détache du superflu, on s’ancre dans le présent.
C’est le cœur même du slow tourisme : voyager non pour voir plus, mais pour ressentir mieux.
En guise d’aube
Au petit matin, le froid pique les doigts, mais le ciel rosit.La tente s’ouvre sur un paysage encore endormi.Un souffle de vent, quelques traces d’animaux, le silence intact.
On range ses affaires, sans rien laisser.Et en partant, on se dit que cette nuit dehors n’était pas une parenthèse,mais un rappel : nous faisons partie de tout cela.
